Ébauche initiale en chambre noire, de la communication et de la polyphonie
Pain rompu - et distribué- en petits morceaux : l’expression d’un prêtre et écrivain portugais nous semble être la meilleure et la plus compréhensible définition de l’opuscule « Esquisses Pessoanos ». Desseins de José Jorge Soares et épigraphes ou lectures de Joaquim Evónio.
L’agape rituelle, ou banquet commun, recherchant la communion. Fut cette science ou l’expérience sacrale qui à légitimé l’élaboration de cette œuvre – et cette intellection est une thaumaturgie!… - Deux amis qui nous arrivent et s’installent avec la même perception d’un projet, nous nous hasardons a dire, une tangence dans le chemin de la prospection. Ceci s’expose, comme nous l’avons déjà dit, dans la science du témoignage, ou dans la parole consacré et partagé… comme si, en définitif, selon la sagesse populaire, le pain de la vie, ou de l’esprit, fusse le symbole du particularisme culturel, humanisation ou
réalisation qui, presque toujours découle de l’existence d’un rite, ou d’une cérémonie magnifiée.
Le cérémonial officiant, de ce protocole, est une incarnation sensible et symbolique du verbe, dans l’absolu, il se prénomme aujourd’hui « Esquisses Pessoanos » car le feu du concept est une constante redéfinition se renouvelant indéfiniment.
Ainsi, nous nous risquons a déclarer que, « Synthèse » poème de la page 14, laisse poindre une impression de syncrétisme ou synchronie, , « Deux traits font la croix …/ Et, pour plus aléatoire/ Que soit l’allure du nœud, / Seront toujours poésie, / Poème, / Une seule / Personne !...
Par la force charitable, ou l’élan d’amitié, le même esprit, la même idée, vibre et palpite fiévreusement en deux personnages, comme deux visages d’un seul et unique drame, ce drame, si nous admettons les textes antiques, s’appelle Mythe et Poésie, exposées comme une familière synergie, où, Joaquim Evónio et José Jorge Soares captent aujourd’hui, - nous croyons que -, par la l’idée-force de la fiction, le flambeau et le sceau de celui qui, bâtisseur de mythes et de pénombres, s’est lui même transformé en mythe paradigmatique, dans le panel de la culture lusophone : nous parlons de, et nommons, Fernando Pessoa.
Toutefois… Eduardo Lourenço avertit quelque part ; que la nudité de l’âme, comme celle du corps, n’admet pas l’idolâtrie ; mais autorise l’amour, disons, comme profil d’indice, signature, ou signalisation. Si, le kaléidoscopique Fernando Pessoa, - selon nous -, ne s’est pas libéré physiquement devant Ophélie, il s’est toutefois dévêtu de son âme éclopé, chair-vive devant ses compagnons de l’Orpheu, et plus spécifiquement devant son double, son fantôme, son ombre : nous parlons de, et nommons, Mário de Sá Carneiro. Nous pensons que c’est dans ce discernement, et dans le prisme métaphorique que José Jorge Soares fait l’esquisse synthétisé du Roi-Lune, ou Sphinge Opulente en volatilisation, avec un graphisme progressivement plein et énigmatique, de la fumée tabagique et de la « cigarette prolétaire », de la « Vierge Noire » sors cette filiation qui à permis l’impression de cet ouvrage, où, par les propres paroles de Joaquim Evónio, que nous semble présider et conduire, selon le risque et l’audace que sont la griffe des néophytes, dans les flots du verbe : « De la cendre,/ Éclot le poème,/ Dans la fumée/Mário, se volatilise!»
Le fait que, militant dans cette armée, ou campagne verbale, au contraire de la véritable armée, anti-métaphorique, personnifient, comme Pessoa, le destin de prolétaires ou marginaux. On doit à l’histoire, la lamentable dévalorisation opéré dès les pré- socratiques dans l’antique Grèce, - du Mythes face à l’empire du Logos, - de l’esprit subjectif devant le royaume de l’esprit objectif ; nous voulons dire que, dans la société occidentale, la mentalité magique et poétique fut laminé et noyé progressivement par la mentalité pragmatique et scientifique. De telle façon, que les poètes seront, au temps de Platon, jetés en-dehors de la république, Camões et Bocage furent perçus comme individus aliénés et imperceptibles.
Un rationaliste français ira jusqu'à dire, « l’imagination est la folle de la maison » car la soif de lumière, ne se matérialise pas en tous les hommes.
Cependant, au contraire de Descartes, Malebranche, et déjà au XIX siècle, le courant positiviste, « l’imagination au pouvoir » fut toujours le trône préféré du club, ou de la confrérie des illuminés par les muses… de telle façon qu’à l’époque, Fernando Pessoa crée une pantomime génial, dont le résultat fut « un drame du peuple » . José Jorge Soares réunissant l’imagerie, et Joaquim Evónio élaborant le jeu et le drame dans une divine conception, nous croyons qu’ils ont reçu de Pessoa la théâtralité et le masque captés dans les pastiches, et se, Sá-Carneiro fut, comme nous l’avons déjà dit, le double évanoui, ou le phantasme de Pessoa, José Jorge Soares, nous apparaît comme « l’ombre » d’Evónio, son mythique paradis, où le personnage révélé et collé devant son visage.
Deux nouveaux poèmes, « Hétérogénéité et Lettre pour Paris » nous conduisent encore vers la phénoménologie onirique, comme configuration non formelle d’antisepsie et d’originalité, nous ne sommes pas loin de la vérité, en disant que le dessin de la page 19, évoque une danse vigoureuse prés d’un vulcain, ou, la mimique opéré dans un laboratoire d’alchimie, encore dans la forge des rêves, tel atelier est, en notre opinion, le destin du poète comme forgeron de fictions, le destin, aussi de Joaquim Evónio comme fauteur de navigation, de trame, et de légende favorables au mouvement œuvré et accompli dans la transe de José Jorge Soares.
Les viatiques que ce dernier nous offre pour le chemin, sont de cette façon, par conséquence, une voie favorable à la compréhension argonaute de l’historique Fernando Pessoa.
Joaquim Evónio fait, dans «Hétérogénéité » l’allocution suivante : « Pour endurer/ La nausée de vivre/ Il faut briser le miroir/ En chaque débris/ Miroite l’envers/ Où réside le songe ».
Précisément pour combattre la dictature de la logique, certainement pour démanteler avec leurs mains saines « immaculés » le miroir du conformisme, aussi, comme tous les poètes, qui devront se confronter dans l’immédiat ou a courte échéance, avec les gardes-chiourme de l’âme, et encore les inévitables geôliers de l’esprit : les policiers qui hier (mai 68) ont agressé les jeunes, sont finalement les mêmes agresseurs, qui, courrant l’année 1915 – d’après, « Alfredo Pedro Guisado », - furent engagés pour châtier à coup de pieds et autres expédients sauvages ; les, aujourd’hui vénérables e vénérés membres de l’Orpheu.
Comme nous pouvons constater, l’histoire se répète à l’infini.
Ce qui est étonnant, comme le disait « Alvaro de Campos » - personne ne voit rien venir – historiquement, et symboliquement c’est toujours la même lutte.
Exprimé aussi dans ce livre, entre le argonaute et le - Vieux do Restelo – entre les prophètes du rêve et les ministres des lettres, et synthèse, entre la magie singulière des artistes et ceux que Sá-Carneiro appelait « les lépidoptères », les honorables chevelures succombent souvent, devant la loi de la matraque et de la grenade.
N’est pas notre intention de tergiverser, ni de nous disperser, ni forcer ces auteurs à la phénoménologie de nos idées, à- contrario. Nous avons ouvert « Esquisses Pessoanos » et dans la page 24, nous lisons, Mon cher Mário/ Je pense beaucoup/ Pourquoi meurent les poètes/ Encore, et toujours/ De cirrhose, overdose, tuberculose/ Et plusieurs formes/ De suicide programmé/ L’anticonformisme et la résistance/ Leur offre une vie fille de putain .
Existe-t-il une réponse présentable ?!... L’imagination et l’écriture sont toujours, - malgré « les fils des fleurs » et de mai 68, - dans la société occidentale technocratique, perçues, comme subversives et dangereuses, voire, « comme la folle ou le déchet de la maison » Les preuves, nous les trouvons, chez : Fernando Pessoa, Rimbaud, Màrio de Sà-Carneiro et Allen Ginsberg, qui la portent dans leurs frêles épaules.
Comme deux précieux chérubins, José Jorge Soares et Joaquim Evónio, leur offrent l’épée de la purification. Avec l’édition de : « Esquisses Pessoanos » Ils nous offrent leur aide et un formidable coup d’épée dans la fourmilière du Rosaire des Poètes. Soyez bienheureux et remerciés pour cette fleur, qu’elle nous revienne des vents cosmiques, - passés les lustres et les lunes, - majestueuse, comme un florilège luxuriant.
Paulo Brito e Abreu
Tradução para o francês: Fernando Oliveira
Assistente editor: Hugo de Aguiar
deaguiar.hugo@gmail.com
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